En prélude à un forum économique national qu’il entend organiser, le président de la République, Boni Yayi a tenu, hier mercredi 27juin, une séance de travail avec les importateurs béninois. Ces derniers lui ont fait part des difficultés qui grèvent leurs activités.
Notre économie s’essouffle à l’instar de celles de nombreux pays du monde. Notre vulnérabilité s'accentue de plus en plus ». Les ressentiments du président de la République corroborent avec les soucis des importateurs béninois. Lors d’une séance de travail tenue hier à la présidence de la République, ils ont fait part à Boni Yayi des difficultés qui minent leurs activités. « Nous avons aujourd’hui la gorge serrée et si rien n’est fait le lot d’importateurs formels qu’il y a dans le pays va disparaître », alerte Karamatou Ibikunlé, spécialisée dans l’importation des produits alimentaires. La plupart des doléances des importateurs sont relatifs au coût élevé des prestations au port de Cotonou et surtout la lenteur dans les opérations d’enlèvement des marchandises. « Nous devons faire en sorte que notre port soit compétitif. La compétitivité du port de Cotonou suppose donc des coûts plus attractifs, une célérité dans les procédures et une bonne gestion des entrées et sorties des camions », appuie Zéphirin Awougah, membre de l’Association des importateurs de denrées alimentaires. Pour Jean Baptiste Satchivi, importateur de produits congelés, le climat des affaires constitue un élément pénalisant pour les entreprises béninoises en général et les importateurs en particulier. « Les affaires doivent être sécurisées par une administration efficace, performante et fiable. C’est dans cet environnement que l’entreprise doit jouer son rôle de créateur de richesse », insiste- t-il. Concernant le secteur des produits carnés, Awa Alapini a également énuméré un faisceau de dysfonctionnements sur la plate-forme portuaire qui induisent un renchérissement du coût de revient des produits congelés. Le secteur des produits pétroliers va très mal et les acteurs ont également tenu à le signifier au président de la République. « Nous avons un secteur formel des produits pétroliers qui est mort. Les multinationales sont parties et il ne reste que les nationaux », se désole Wilfried Ahissi, représentant des distributeurs agréés de produits pétroliers. Pour montrer la gravité de la situation, il confie que la marge brute d’une station service est aujourd’hui limitée à 48.000 francs CFA le mois. Or, poursuit-t-il, le secteur dégage un potentiel fiscal de 175 milliards de francs CFA qui vont malheureusement dans la poche des acteurs informels. « Nos confrères vivent une situation de mort imminente. Tous les opérateurs privés sont en train de fermer les portes. Nous sommes dans un cycle de faillite », renchérit Expédit Houessou, directeur général de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (SONACOP). « Si on règle 50% des problèmes au port, on aura accru notre croissance économique de 3%. Les gens ne sont pas convaincus d’une meilleure gouvernance portuaire », réplique le président de la République qui a affiché sa détermination à assainir le port de Cotonou. A propos des produits pétroliers, Boni Yayi tout en rappelant les démarches qu’il a entreprises auprès des autorités nigérianes a promis de prendre des mesures pour éradiquer la contrebande de l’essence frelatée. Mais l’intention du président de la République en initiant cette séance, c’est non seulement d’écouter les doléances mais surtout de préparer les importateurs pour la tenue d’un forum économique national, annoncé pour bientôt. « Il s’agira pour nous d’inviter tous les acteurs économiques autour d’une table et d’adopter une feuille de route dans le cadre d’un partenariat public-privé gagnant-gagnant », souligne Boni Yayi. Le chef de l’Etat a indiqué que le secteur privé est fortement attendu à ce forum. « Nous devons instaurer la gouvernance à tous les niveaux. Il faut un code de conduite, éthique et moral dans le secteur privé », martèle le président de la République qui soutient que la démocratie a besoin d’être financée, grâce notamment à un secteur privé, créateur de richesses et moteur du développement.